Quand il s’agit de confier son petit bébé à la crèche, la mère se dit : « C’est là qu’il attrapera ses premières maladies mais il va être heureux d’être avec des petits copains. » Les mères ont aussi le sentiment qu’à la crèche, plusieurs regards seront portés sur leur enfant, et cela leur donne une certaine assurance qu’il sera bien traité.
La sécurité de bébé avant tout
Elles ont raison d’avoir ce souci de sécurité. Une nourrice peut se comporter de manière différente quand les parents sont là et quand ils ne sont pas là. Le meilleur indicateur de la compétence d’une nourrice, pour les parents, c’est l’humeur de leur enfant. S’il tend spontanément les bras à cette personne en arrivant, c’est qu’il est bien avec elle… S’il pleure devant la porte, avant même qu’elle ne l’ait ouverte… mieux vaut envisager de changer de gardienne. Mais, dans la majorité des cas, ces femmes s’occupent très bien des enfants. Toutes les mères réagissent douloureusement à la séparation. Mais pour celles qui allaitent, avec le sentiment très fort que, par cet acte, elles continuent de donner la vie, cette séparation, qui signe l’arrêt de l’allaitement, et c’est peut-être une question dramatique. C’est parfaitement compréhensible, car on ne saurait trop insister sur l’importance du lien mère/enfant.
La place du père dans les liens mère/enfant
Le père ne peut ressentir cette séparation avec la même acuité, le père n’existe que par la parole maternelle, c’est la mère qui nomme le père à l’enfant. Du fait qu’elle a porté l’enfant dans son ventre, qu’elle le nourrit, le statut de la mère ne se discute pas. Ce n’est qu’au fil des mois que le père prend sa place, très importante également dans la vie de l’enfant, mais qui au début n’est jamais aussi prépondérante que celle de la mère. Cependant le papa peut se rapprocher de son enfant en lui faisant la toilette, en le promenant en poussette bébé, en le faisant prendre le biberon, en jouant avec lui…
Les congés pour élever son bébé
Pour que les mères vivent plus facilement cette séparation, il faudrait d’abord que le congé de maternité soit rallongé, c’est ce que demandent les mères et les pédiatres. Cela permettrait à la mère et au bébé d’avoir une meilleure connaissance l’un de l’autre, ce qui les rassurerait tous les deux sur la force de leur attachement, Mais on ne pense pas qu’il faille l’allonger démesurément. Beaucoup de choses ont été écrites sur l’âge idéal de la séparation. Il semble que, vers 4-5 mois, ce serait bien. Mais surtout, il faudrait que le temps de travail des jeunes mères soit mieux aménagé. Les congés postnataux suédois qui peuvent atteindre une année, avec 90 % du salaire, représentent sans doute une importante avancée sociale. Est-ce souhaitable chez nous sous cette forme, compte tenu de tous les problèmes que cela pose ?
Travail en temps partiel : la solution ?
En revanche, le travail à temps partiel serait une bonne solution. Georges Hatchuel, un économiste auteur d’un rapport sur les attentes des parents en matière de mode de garde, rappelait qu’un tiers des mères d’enfants de moins de 3 ans ont un emploi temps partiel et qu’un autre tiers souhaiteraient avoir la possibilité de diminuer leurs horaires, même en sachant que cela ne manquerait pas d’entrainer une réduction de salaire. Il constatait que, malheureusement, les entreprises sont bien peu ouvertes à une diversification des horaires… On sait que cela est très difficile pour les entreprises, car les femmes y occupent des postes importants, mais il s’agit d’un problème de société considérable, touchant la santé physique et mentale de tous les enfants. Si l’on a décidé de retravailler, en un an, s’installe trop d’attachement. Si la séparation se fait plus facilement à 3 mois et demi, 4 mois ou à 18-20 mois, entre les deux, elle est très difficile. Les choses s’organisent d’elles-mêmes plus harmonieusement autour de 4 mois. On arrête l’allaitement avec l’arrivée de la diversification alimentaire, quinze jours avant l’entrée en crèche. On rencontre beaucoup d’enfants qui sont allés à la crèche à 3-4 mois et qui vont très bien.
